Le projet du cabinet de l’architecte Pierre-Louis Faloci a été retenu pour la rénovation de la mairie d’Annecy, détruite en partie suite à l’incendie survenu en novembre 2019. La mairie nouvelle génération est pensée comme une maison de ville avec café et espaces de coworking. De nouvelles fonctions imaginées par celui qui a obtenu le Grand Prix de l’architecture en 2018.

En s’inspirant des caractéristiques du site et de ses atouts, Pierre-Louis Faloci a imaginé un projet singulier pour la réhabilitation de la mairie d’Annecy. S’il ne touche pas à la façade, épargnée par l’incendie, il revisite les espaces intérieurs avec une architecture lisible, sensible, élégante et surtout baignée de lumière. Son projet a quasiment fait l’unanimité auprès du jury. Au départ, 92 projets. En finale, un seul projet retenu : celui de l’agence parisienne, dirigée par l’architecte Pierre-Louis Faloci. Nourri de culture cinématographique, l’architecte pense ses projets comme un travelling. Que ce soit dans les musées français qui l’ont fait connaître (voir notre encadré) ou ses autres projets de palais de justice, de mairie…, il nourrit les usagers de perspectives, de point de vue et de cadrages sur le paysage. Il est obsédé par les questions d’optique, de regard et du parcours de l’œil.

POROSITÉ DU FORUM ET JEUX DE TRANSPARENCE

Dès l’entrée, le regard sera happé par l’extérieur car les espaces offriront une grande porosité. Il sera possible de traverser la mairie et de passer de la place côté ville, au parc de l’Europe situé côté lac, simplement pour le plaisir. Au rez-de-chaussée, le forum accueillera des espaces d’exposition, des espaces de coworking et aussi un bar ! Ce hall d’accueil devient ainsi un espace public au service de la population. Le premier étage abritera les espaces de réception et la salle du conseil municipal qui sera la première modification contemporaine. Cette nouvelle structure sera conçue en matériaux bas carbone et sera baignée de lumière. Les derniers niveaux recevront des espaces généreux qui faciliteront les rencontres via des espaces ouverts de coworking, des salons…

UN COEUR DE LUMIÈRE 

Pourquoi ce projet est-il si intéressant sur le plan de l’architecture ? « Il représente tous les thèmes contemporains et à venir : le patrimoine, la sédimentation d’un bâtiment sur un autre car l’histoire de l’architecture est une éternelle succession de sédimentations et nous allons participer à celle-ci qui questionne le paysage global », répond l’architecte qui a rappelé que la mairie, proche du lac et au pied des montagnes, se trouve sur un site exceptionnel. Le seul geste architectonique a consisté à créer une boîte en verre au pied de la toiture afin de faire entrer plus de lumière : elle abritera un salon face au paysage. Impensable pour l’architecte de ne pas proposer un belvédère sur la canopée, le lac et la montagne.

Ce belvédère, c’est d’ailleurs sa signature que l’on retrouve dans plusieurs de ses projets. Abîmés lors de l’incendie, certains espaces comme le salon des mariages seront reconstitués à l’identique. Le patrimoine côtoiera l’intervention contemporaine.

UN PROJET EXEMPLAIRE 

La réussite du projet repose également sur l’utilisation du bois local afin de favoriser les matériaux biosourcés, géosourcés et la notion de circuit court. François Astorg, le maire, veut sans aucun doute montrer l’exemple en souhaitant un bâtiment performant sur le plan énergétique, un chantier propre et de l’écoconception. « La mairie sera un lieu pour les citoyens, accessible au public, et ouvert sur la cité, plus fonctionnel et exemplaire sur le plan énergétique », a résumé Benjamin Marias, 1er maire-adjoint, lors du conseil municipal fin janvier. Les agents municipaux, les habitants et les riverains vont être impliqués durant la phase d’études et dans la réalisation du cahier des charges final. Ils seront entre autres invités à partager leur point de vue sur le futur espace d’innovation publique au rez-de-chaussée, le café citoyen. La mairie d’Annecy a pour vocation de devenir la maison de la ville où pourront se côtoyer plus facilement les élus, les 220 agents et les citoyens.