Béton…. Beau Béton….

Béton, beau béton

Symbole de la société urbaine, le béton deviendrait-il un matériau capable d’exprimer le meilleur de la montagne ? Des entreprises, des architectes, des décorateurs valorisent son usage en faisant preuve d’imagination.

Le béton brut devient décoratif et embellit les espaces de vie dans les maisons, rehaussé (oupas) par le bois. Des intérieurs très contemporains qui bousculent les codes !

PAR ÉDITIONS COSY

Si vous interrogez les gens sur la maison de leur rêve, ils évoquent bien souvent les matériaux nobles comme le bois et la pierre, rarement, le béton. Perçu comme le symbole de la solidité, c’est un assemblage de granulats, de sable, d’un liant (comme le ciment, la chaux) et d’eau. Il accompagne les réalisations les plus audacieuses.

LAISSER LA VRAIE NATURE DU BÉTON S’EXPRIMER

Nous présentons ici les réalisations de l’Atelier B, une entreprise canadienne qui valorise l’usage du béton comme matériau noble. Elle propose une gamme variée de planchers, comptoirs, panneaux, accessoires décoratifs, du mobilier.

Pour Frédéric Tremblay, président de l’Atelier B : « Le béton offre un univers insoupçonné de possibilités. L’Atelier B, tel un véritable laboratoire, explore, découvre et s’amuse à repousser les limites de ce matériau polyvalent, toujours dans le respect de ses qualités et de ses contraintes. Travaillant la matière sans la dénaturer, nous proposons des utilisations inattendues accompagnées d’une qualité d’exécution minutieuse et contrôlée. Nous maîtrisons l’art fragile de la matière brute pour que s’exprime la vraie nature du béton ».

« LA PIERRE DES CATHÉDRALES »

Le béton possède une très longue et ancienne histoire. Le béton moderne est le fruit de recherches menées dans plusieurs pays au cours du XIXe siècle. Son invention est rendue possible grâce aux nouveaux procé- dés techniques, les progrès de la science et une organisation industrielle, commerciale et nancière. L’architecte Bernard zehrfuss, Grand Prix de Rome en 1939, disait : « Le béton, c’est la pierre des cathédrales ». Louis-Joseph Vicat (1786-1861), ingénieur aux Ponts et Chaussées, originaire de Grenoble (bien que né à Nevers) est l’inventeur des ciments en France. Il publie ses travaux offrant à tous une précieuse culture technique sur la composition des mortiers. Le polytechnicien Léon Pavin de Lafarge développe l’activité de cimentier à grande échelle, en créant son activité en Ardèche.

En 1860, le Lyonnais François Coignet explique dans un livre que le béton permettra de « combattre l’injustice et la misère » grâce à ses deux qualités : l’hygiène et l’économie. Le béton s’impose après la seconde révolution industrielle (fin XIXe) et redéfinit les fins et les moyens de l’art de bâtir. Au début, le béton sert non pas pour construire des habitations, mais pour des constructions de ponts, de routes, des équipements portuaires. à partir de 1890-1910, le béton armé gagne en réputation et devient très employé.Il faut attendre 1903-1904, pour voir le béton associé à l’habitat, avec le premier immeuble de la rue Franklin à Paris, construit par les frères Perret, architectes.

MATIèRE ET OUTIL DE LA MODERNITÉ

L’architecture du Mouvement moderne de la première moitié du XXe constitue un véritable éloge de la matière. Le béton incarne la modernité. C’est aussi un matériau majeur dans les constructions militaires défensives. Après la Première Guerre mondiale, on parle de béton lisse, piqué, bouchardé, poli, lavé. Après la Seconde Guerre mondiale, le béton armé (béton associé à de l’acier) est le principal matériau de construction lourde en France. Les bétons bruts, banchés planchés, balayés, brossés, sablés font leur apparition. Les travaux de l’architecte lyonnais Tony Garnier sont à l’origine d’une ré exion sur les premiers pas d’une esthétique du béton, entre classicisme et modernité (1).

En montagne, dans les années 60, c’est Marcel Breuer qui offre à la station de Flaine, sa vision avant-gardiste d’un béton brut intégré dans un paysage d’altitude. Auparavant, le matériau était caché et habillé pour s’adapter au goût commun.

Dans les années 1990, on parlera des bétons cirés, désactivés et même colorés. Aujourd’hui, le béton est translucide (voir dossier consacré aux matériaux) ayant la propriété de transmettre la lumière grâce aux éléments optiques intégrés.

Au XXIe siècle, le béton de ciment est l’un des matériaux de construction les plus utilisés au monde. Son succès s’explique par ses qualités techniques toujours plus performantes: grande inertie, résistance à l’incendie, aux tremblements de terre, sa rapidité de mise en œuvre et son faible coût.

UN MATÉRIAU DU PASSÉ, DU PRÉSENT ET DU FUTUR

Le Nord-Isère regroupe l’essentiel de la recherche mondiale sur le béton. Aujourd’hui, des bétons toujours plus performants sont mis au point dans des laboratoires et des centres de recherche. Ce matériau ne cesse d’évoluer pour s’adapter aux besoins de la société. Des bétons à haute performance (BHP) et les bétons brés à hautes perfor- mances (BFUP) existent déjà.De nouveaux bétons apparaissent comme le « béton lumineux » grâce à l’intro- duction de micro-organismes luminescents, le « béton ré échissant » qui contient des billes de verre, le béton conducteur qui chauffe des portions de route a n de les sécuriser. On explore également des bétons sensibles au toucher. Un groupe italien a développé un béton capable d’absorber la pollution. Il a servi à recouvrir le pavillon italien de l’Exposition Universelle de Milan en 2015. Les bétons de demain seront plus résistants, plus performants et espérons-le plus respectueux de l’envi- ronnement !

POUR ALLER PLUS LOIN

Nous vous conseillons la lecture de ce nouveau livre :
« Sacré béton ! Fabrique et légende d’un matériau du futur », sous la direction de Philippe Genestier et Pierre Gras, paru aux éditions Libel, prix : 28 euros. Cet ouvrage accompagne l’exposition « Sacré béton ! De la haine à l’amour » présentée au Musée Urbain Tony Garnier de Lyon jusqu’au 18 décembre 2016.